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«La CFV accorde une grande importance à la transparence et à l’indépendance de ses procédures de travail.»

Sept questions à Christoph Berger, président de la CFV. Les vaccins font partie des principaux instruments de prévention de la médecine moderne, en permettant largement d’éradiquer un certain nombre de maladies graves dans notre pays. En 2004, le Conseil fédéral mit sur pied une commission d’experts dotée d’un rôle de conseil: la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV). Deux grandes missions ont été confiées à la CFV: elle a pour mandat de conseiller scientifiquement les autorités lors de l’élaboration de recommandations de vaccination et joue un rôle important de médiateur entre les autorités, les milieux spécialisés et la population. Depuis avril 2015, la présidence de la CFV est assurée par le professeur Christoph Berger, médecin spécialiste FMH en pédiatrie et en infectiologie, du centre hospitalier universitaire pédiatrique de Zurich. Il a pris le temps de répondre aux questions de «spectra».

spectra: quels projets en cours constituent la priorité de la CFV pour les deux années à venir?  

Christoph Berger: deux projets importants appartiennent à nos activités courantes:

- la mise à jour constante du plan de vaccination, avec l’objectif de parvenir à une bonne couverture vaccinale de la population.

- proposer la meilleure protection possible aux personnes présentant un risque accru de maladie (par ex. en raison d’une maladie sous-jacente), par une vaccination (supplémentaire, au besoin) au moment opportun.   A mes yeux, la priorité stratégique numéro 1 consiste à obtenir de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et de ses partenaires dans notre système de santé qu’ils adoptent les recommandations de la CFV reposant sur des preuves, et qu’ils les proposent à la population concernée dans leur intégralité, comme un tout. Les recommandations ne doivent pas être décortiquées et diluées avec des «si» et des «mais».    

Quels sont vos grands principes lorsque vous formulez des recommandations de vaccination pour la Suisse?  

La CFV conseille l’OFSP pour les nouvelles recommandations de vaccination. Pour évaluer le bénéfice potentiel, la CFV suit les critères fixés par un cadre analytique et détermine si une recommandation de vaccination se justifie, d’une part au vu de la menace ou du risque (gravité, fréquence, etc.) que représente la maladie, et d’autre part en fonction des attentes quant aux effets de l’administration d’un ou plusieurs vaccins disponibles. Si cette recommandation est justifiée, il convient alors de définir la stratégie permettant d’atteindre l’objectif de vaccination. L’acceptation par la population, le rapport coût-efficacité, la faisabilité et la possibilité d’évaluer tous les éléments sont encore d’autres facteurs entrant en jeu dans la décision de la CFV de formuler une nouvelle recommandation.    

 Chaque pays dispose de son propre plan de vaccination: une telle situation se justifie-t-elle dans l’Europe actuelle? Ou ne serait-il pas envisageable et pertinent pour la Suisse d’adopter le plan de vaccination allemand ou français?

  Les plans de vaccination de nos voisins ne sont pas fondamentalement différents du plan suisse de vaccination. La plupart des vaccins sont produits et contrôlés pour le marché international, et sont ainsi similaires. Le plan suisse de vaccination mis à jour chaque année doit fournir, dans la mesure du possible, des recommandations ciblées et adaptées aux besoins, aux perceptions et aux attentes de la population suisse. Les niveaux de recommandation (avec vaccinations de base, vaccinations complémentaires, vaccinations pour les groupes à risque et vaccinations sans recommandation), caractéristiques du plan de vaccination suisse, illustrent bien cet objectif. En outre, le plan de vaccination national doit tenir compte des particularités du système de santé, notamment de la médecine de premier recours (où les vaccins sont administrés en majorité), des examens préventifs (pédiatriques, gynécologiques, etc.) et des structures nationales réglementant la prise en charge des coûts.    

On entend souvent des critiques, ou des accusations, selon lesquelles l’industrie pharmaceutique influencerait les recommandations de vaccination afin de s’enrichir. Quel est votre point de vue sur ces soupçons?

L’indépendance de la CFV est-elle vraiment garantie?   L’industrie pharmaceutique produit et distribue des vaccins courants et des nouveautés. Pour sa recommandation, la CFV s’appuie sur les données scientifiques (les preuves), les données nationales concernant la charge de morbidité, la faisabilité et l’acceptation estimée d’une recommandation de vaccination (cadre analytique, voir ci-dessus), puis met le tout à la disposition de l’OFSP. L’autorisation des vaccins, la fixation des prix et la décision de prise en charge des coûts n’appartiennent pas au domaine de compétences de la CFV. En sa qualité de commission d’experts extraparlementaire de la Confédération, la CFV accorde une grande importance à la transparence et à l’indépendance de ses procédures de travail (tous les procès-verbaux des réunions de commission sont rendus publics) et formule une recommandation qu’elle transmet à l’OFSP, à qui revient la décision.    

La CFV ne devrait-elle pas se composer également de représentantes et représentants de la population et des groupes opposés à la vaccination?  

La CFV se définit en tant que commission d’experts dont la mission est de conseiller l’OFSP sur le fond et de formuler des recommandations sur la base de preuves scientifiques. Les critiques constructives portant sur des recommandations qui ne sont plus d’actualité ou incomplètes, ou qui sont insuffisamment appliquées, font partie intégrante des discussions au sein de la CFV. Une grande importance est accordée à l’équilibre dans la composition de la commission, dont les membres sont nommés par le Conseil fédéral, et dont les liens d’intérêts sont rendus publics.    

Quels sont pour vous les principaux défis actuels en matière de vaccination en Suisse?  

Les vaccinations font partie des mesures de prévention les plus efficaces au monde, et la Suisse ne fait pas exception; ainsi, bon nombre de maladies contre lesquelles la majorité de la population se vaccine sont devenues rares et ont quasiment disparu dans nos régions. Les réserves et la méfiance à l’égard des vaccins doivent être prises au sérieux et il convient d’y répondre par des informations ouvertes et factuelles, ainsi que par des conseils personnalisés.  

Au niveau institutionnel, la question de la couverture des coûts des vaccinations par les assurances de base constitue un obstacle croissant, que nous devons résoudre ou contourner au travers de solutions alternatives. La prise en charge des coûts pour une vaccination faisant l’objet d’une recommandation nationale devrait toujours être garantie. La prise en charge des coûts étaye la crédibilité de la recommandation et de notre système de santé, et constitue la condition décisive pour l’égalité d’accès, l’acceptation et la mise en œuvre de la recommandation de vaccination dans la population.    

La nouvelle loi sur les épidémies entre en vigueur en 2016. Celle-ci permet-elle d’après vous de mieux protéger la population contre les maladies évitables par la vaccination?  

Oui, elle est adaptée aux défis actuels, notamment en cas de flambées ou d’épidémies, qui peuvent être identifiées précocément et, si nécessaire, prises en charge de manière ciblée par des mesures coordonnées.  

Contact

Virginie Masserey, division Maladies transmissibles, virginie.masserey@bag.admin.ch

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